La Leptospirose

«La Leptospirose»

Certes, la nature est éternellement belle et généreuse. La nature c’est la joie de vivre, c’est la biodiversité, c’est la cohabitation d’une infinité de formes de vie dépendantes les unes des autres, et à la recherche permanente d’un équilibre entre proies et prédateurs. La rupture avec la nature est notre plus grande erreur. En effet, la nature peut parfois nous être hostile et nous apporter de graves désagréments qu’il faut connaître pour pouvoir s’en protéger. Chaque année, de nombreuses personnes sont victimes d’intoxications par consommation de plantes ou champignons toxiques. D’autre part, la nature peut aussi être source d’infections pour l’homme et nos animaux domestiques. Notre territoire, particulièrement riche en rivières, ruisseaux, étangs… a été envahi depuis les années 1980 par une espèce de rat exogène sans prédateur chez nous : le « myocastor » connu sous le nom de ragondin. C’est la principale source de leptospirose, dans notre région.


 

La leptospirose est une « anthropozoonose » c’est à dire une maladie animale transmissible à l’homme, due à une bactérie spiralée de l’ordre des Spirochètes, sévissant dans le monde entier. En France les régions les plus touchées sont les DOM-TOM, l’Ile de France, l’Aquitaine et les Pays de la Loire. Ses principaux réservoirs sont les rongeurs, en particulier les rats, qui excrètent la bactérie  dans l’urine.  En France on dénombre environ 400 cas par an . La leptospirose « ictéro-hémorragique » la plus connue et la plus grave représente à peu près 30% des cas. L’endémie prédomine en général au second semestre c’est à dire à la période estivo-automnale. Pour ce qui est de la répartition en séro-groupes dans les différentes régions de France, les Leptospira grippo-typhosa, australis et panama sont bien représentés. Cette année, Leptospira ictero-hemorragiae représente moins d’un tiers de l’ensemble.

Le germe n’étant pas forcément présent dans la salive des rongeurs, la contamination se fait surtout, en milieu humide, par les urines des rongeurs (le germe pouvant rester à l’état quiescent très longtemps ce qui favorise la contamination), la transmission se faisant par contact cutané direct avec les milieux souillés. D’où l’importance de la protection cutanée pour tous les travailleurs dans ces milieux « à risque ».

Symptômes

Une sorte de grippe avec des myalgies importantes. Chez l’homme, la maladie est le plus souvent bénigne (syndrome grippal banal). L’incubation dure de 4 à 14 jours. Dans la forme modérée, la plus fréquente. La maladie débute par une fièvre élevée avec frissons, maux de tête, douleurs musculaires et douleurs articulaires diffuses qui doivent alerter, dès lors que l’on a une activité professionnelle liée à cet environnement particulier. Elle peut évoluer vers une atteinte rénale, hépatique, méningée ou pulmonaire. Dans 20% des cas, elle se complique d’un syndrome hémorragique. Aucun signe n’est vraiment spécifique mais l’existence d’un ictère conjonctival et de myalgies est particulièrement évocatrice. Les formes graves (ictéro-hémorragique ou maladie de Weil) associent insuffisance rénale aiguë, atteinte neurologique (convulsions, coma) et des hémorragies plus ou moins sévères (pulmonaires, digestives). Le diagnostic peut être confirmé par culture ou mieux, par amplification génique lors de la première semaine de maladie suivant l’apparition de la fièvre, ou par sérologie à partir de la deuxième semaine.

Épidémiologie.

Certaines professions (agriculteurs, éleveurs, égoutiers, éboueurs…) et les personnes pratiquant des loisirs nautiques (baignade, canoé, kayak, pêche, chasse, canyonning…) sont particulièrement à risque. D’où l’importance, en cas de « syndrome grippal » de signaler au médecin sa profession  ou un voyage récent dans des zones à risque.

La leptospirose est reconnue comme maladie professionnelle chez des travailleurs exécutant de façon habituelle certains travaux et qui doivent bénéficier d’une vaccination systématique. C’est le cas notamment du personnel de traitement des eaux usées, des personnes travaillant dans les abattoirs, des pisciculteurs, des pêcheurs. Et il ne faut pas oublier les personnes pratiquant des activités de loisirs qui contractent de plus en plus souvent la leptospirose. Cette dernière catégorie etait en effet responsable de 75 % des 1.000 cas déclarés en 1996.

Diagnostic

De nombreux tests diagnostic existent : détection directe et  tests  sérologiques ( Elisa et MAT) nécessitant le recours à des Laboratoires spécialisés.          .

Traitement

Hospitalisation pour les formes les plus graves, et dans tous les cas antibiothérapie adaptée (pénicilline et cyclines pendant au moins 10 jours).

Prévention :

information du personnel à risque sans oublier les touristes en « région à risque ».  Assainissement des berges des cours d’eau. Contrôle des zones de baignades naturelles. Protection adaptée (port de gants, bottes) Désinfection des locaux  infectés. Hygiène des mains après manipulation d’eau douce . Protection des animaux domestiques susceptibles de contracter la maladie.

Vaccination

Elle n’est efficace que pour la forme « leptospira ictéro-hémorragiae ». Efficace et bien toléré il consiste en deux injections SC à 15 jours d’intervalle avec rappel 6 mois plus tard et rappels réguliers tous les 2 ans ensuite. En 2015 seulement 17% des personnels a risque sont vaccinés ce qui est bien trop peu. Peut-être  ce petit article permettra- t-il a ceux qui le liront de  faire le nécessaire pour se prémunir contre ce danger potentiel.

Dr Christian BIZOT

 

Post Author: Didier Dolé