Dioxyde de titane dans nos assiettes !

«Dioxyde de titane dans nos assiettes ! » par Jean-Claude Brianceau

Nous avons déjà publié des articles sur les nanoparticules (n°60 septembre 2014, n°68 septembre 2016). En 2014, le cuisinier Jérôme DOUZELET nous a alerté au cours de sa conférence « Plaisirs cuisinés ou poisons cachés » (notre n°61). Nous revenons sur le sujet, car désormais ce sont des matières premières de l’industrie agroalimentaire et nous les retrouvons dans nos assiettes. Je me limite ici ,volontairement, à ne parler que d’une seule matière, répertoriée en tant que colorant dans le lexique des additifs alimentaires autorisés, sous la référence « E171 Dioxyde de Titane :origine minérale, DJA: non, colore en blanc : bonbons, chewing-gums…A surveiller mais pas de risque connu. HVJ ». C’est effectivement un minerai (TiO²), mais on ne dit pas qu’il est intégré aux aliments sous forme de poudre avec 10 à 40% de nanoparticules de dimension inférieure à 100 nanomètres (soit 100 millionième de millimètre). « DJA : non » signifie qu’il n’y a pas de « Dose Journalière Admissible » car on n’attribue aucun risque à l’additif en question. « HVJ » signifie que l’additif est admis par les pratiquants musulmans (H) et juifs (J), et qu’il n’est pas issu des animaux (V). Pourquoi s’inquiéter ?

 

 

 

 

Il y a plusieurs raisons pour s’inquiéter.

Tout d’abord, il ne faut pas oublier qu’en 2006, le CICR (Centre International sur le Cancer) a classé le TiO² comme cancérigène possible lorsqu’il est inhalé. Rappelons que les nanoparticules sont des poussières ultra légères flottant dans l’air, et extrêmement dangereuses pour ceux qui peuvent les inhaler en les manipulant. Les précautions à prendre pour protéger ces personnes, et éviter les rejets dans l’atmosphère sont très complexes.

Dans notre n°68, nous alertions sur l’apparition du TiO² dans des aliments produits par l’industrie agroalimentaire, et constatée par le Laboratoire National de Métrologie rattaché au Ministère de l’Industrie.

Les chercheurs de l’INRA et de l’ANSES se sont penchés eux sur l’ingestion de cet additif E171. Ils ont utilisé des rats, auxquels ils ont fait boire de l’eau contenant de l’E171 avec un dosage de 10mg par kilo de poids et par jour pour rester proche de l’exposition alimentaire humaine. Les résultats publiés le 20 janvier dernier montrent un effet délétère pour le système immunitaire, mais aussi possiblement cancérogène, du TiO².

Cette étude a montré pour la première fois in vivo, que les nanoparticules de TiO² franchissent la barrière intestinale et passent dans le sang comme le prouvent les nanoparticules retrouvées dans le foie des rongeurs. En complément, il est apparu que le système immunitaire des animaux a été altéré.

L’un des auteurs de cette étude fait les commentaires suivants :

« L’intestin est le premier organe en contact avec l’environnement, par le biais de la nourriture. Or des nanoparticules sont observées dans la paroi de l’intestin grêle et du côlon des rats. Elles se logent dans le noyau des cellules immunitaires intestinales, provoquant un déséquilibre des réponses immunitaires. On constate le développement d’un terrain micro-inflammatoire dans la muqueuse du côlon».

Ces observations ont amené les auteurs à conclure que l’exposition chronique à l’additif E171 a bien eu un effet initiateur et promoteur des stades précoces de la cancérogénèse colorectale, ce qui peut entraîner la survenue d’un cancer du côlon ou du rectum.

Les rats ont consommé ce même additif pendant cent jours. Evidemment ces résultats ne peuvent pas être transposés directement à l’homme.  Cette étude devra être complétée pour s’assurer des effets chez l’homme. Néanmoins, en attendant, un moratoire serait le bienvenu. Pour le consommateur la prudence doit être la règle. Il faut repérer cet additif E171  dans l’alimentation ainsi que dans les dentifrices et les gommes à mâcher.

Enfin, ne pas oublier que le TiO² n’a aucune vertu nutritive . A qui profite-t-il donc?

 

Les nanoparticules franchissent la barrière

intestinale et passent dans le sang.

 

 

 

Post Author: Didier Dolé