Le radon

Voici un sujet que nous accompagnons depuis déjà bien longtemps, et qui est toujours d’actualité pour tous ceux qui habitent ou travaillent sur le territoire du Massif Armoricain. Nos premiers articles dans cette publication remontent aux n°5 et 6 de décembre 2001 et mars 2002. Nous avions aussi abordé les aspects réglementaires dans le n°37 de décembre 2008, et les risques sanitaires dans le n°41 de décembre 2009. Le radon est toujours présent sur notre territoire et le sera encore pendant très longtemps. Nos ancêtres avaient appris, de façon empirique mais efficace, à s’en préserver au quotidien. Après 1945, l’arrivée du progrès économique sous toutes ses formes a d’une part, bouleversé et standardisé nos modes de vie locaux et, d’autre part, ouvert des mines d’uranium dans le nord des Deux-Sèvres, sur les communes de La Chapelle-Largeau, du Temple et de Saint Amand sur Sèvre. Les stériles de ces mines ont alimenté les chantiers de construction dans un large rayon en l’absence de toute réglementation et sans prise de conscience des dangers qui pouvaient en résulter. Aujourd’hui, la population locale doit prendre connaissance de la réglementation en vigueur en France et réapprendre à vivre sainement avec le radon. 

Qu’est-ce que le radon?

Le radon est un gaz radioactif1 issu de la désintégration de l’uranium et du radium présents naturellement dans le sol. Le radon n’existe pas sous forme de corps stable et tous ses isotopes connus sont radioactifs. Il faut se souvenir que, bien qu’étant d’origine naturelle, c’est un gaz inerte, incolore, inodore et radioactif. Sa présence ne peut donc pas être détectée par l’homme.

Où le trouve-t-on?

Les zones du territoire français les plus concernées correspondent aux formations géologiques les plus riches en uranium. Elles sont localisées sur les grands massifs granitiques  ainsi que sur certains grès et schistes noirs. En France métropolitaine, ces zones sont : Massif Armoricain, Massif Central, Corse, Vosges…L’arrêté ministériel du 27 juin 2018, classe les communes de France  en trois différents types de zones basés sur le potentiel de radioactivité naturelle des formations géologiques.

Z1 : potentiel radon faible.

Z2 : potentiel radon faible, mais sur lesquelles des facteurs géologiques particuliers peuvent faciliter le transfert de radon vers les bâtiments. 

Z3 : potentiel radon significatif (en rouge sur la carte). Ce que l’arrêté ministériel ne dit pas, c’est que les bâtiments construits en zone 3 depuis  1950, autour des trois mines d’uranium exploitées dans le nord du département des Deux-Sèvres sur des terrains ayant reçu un remblai de stériles provenant de ces mines, auraient dû faire l’objet d’un classement particulier à potentiel non naturel Z3+ou Z4.

Le radon est-il dangereux?

Le risque pour la santé résulte pour l’essentiel de sa présence dans l’air, La concentration en radon dans l’air est très variable d’un lieu à l’autre. Elle se chiffre en Bq/m3². Il est aisé de comprendre que dans l’air extérieur  le radon se dilue rapidement avec le vent et sa concentration moyenne reste généralement très faible : le plus souvent inférieure à une dizaine de Bq/m3. Dans les lieux confinés, donc dans les bâtiments en général, et les habitations en particulier, il peut s’accumuler et atteindre des concentrations élevées jusqu’à plusieurs milliers de Bq/m3.

En se désintégrant, le radon forme des descendants solides, eux-mêmes radioactifs, qui peuvent se fixer sur les aérosols de l’air et, une fois inhalés, se déposer le long des voies respiratoires en provoquant leur irradiation. A long terme, l’inhalation de radon conduit à augmenter le risque de développer un cancer du poumon ou de la thyroïde. Cette augmentation est proportionnelle à l’exposition cumulée tout au long de la vie. En 1987, à la suite d’études épidémiologiques, l’OMS a reconnu le radon comme un agent cancérogène pulmonaire lors d’une exposition régulière à des concentrations excessives.

Pour un lieu donné, l’exposition reçue dépend à la fois de la concentration en radon dans un local et du temps passé dans ce local. Estimer le risque auquel vous êtes soumis dans votre habitation nécessite ainsi de connaître les concentrations en radon dans les pièces dans lesquelles vous séjournez le plus longtemps. Pour une même exposition au radon, le risque de développer un cancer du poumon est vingt fois plus élevé pour un fumeur que pour un non fumeur.

Le radon dans l’habitat

Le schéma ci-joint montre les différentes voies par lesquelles le radon s’infiltre dans une maison : failles, voies d’eau, tranchées de canalisations, fissures…le sous sol étant la partie la plus exposée. Il faut aussi retenir que le radon étant 8 fois plus lourd que l’air il est toujours plus dense au niveau des planchers, par conséquent il est fortement déconseillé de laisser des enfants, et surtout les bébés, jouer couchés au niveau du sol. Il faut aussi se souvenir que lors de la crise du pétrole des années 1970 il a été recommandé d’améliorer l’étanchéité des ouvertures pour économiser en chauffage. Ces améliorations ont eu pour conséquence d’accroître les accumulations de radon à l’intérieur des habitations situées en Z3 et surtout de faire disparaître l’habitude d’aérer ces habitations. Il faut donc revenir aux bonnes habitudes de nos ancêtres : aérer quotidiennement les pièces dans lesquelles nous séjournons le plus longtemps en périodes diurne et nocturne. Une aération d’une quinzaine de minutes peut être efficace à condition d’ouvrir une porte et une fenêtre opposée pour que le radon concentré au plancher puisse s’écouler à l’extérieur. Certains vont s’inquiéter de la perte de chaleur en hiver ; elle est insignifiante car en aérant on perd seulement de l’air chaud et la chaleur ressentie provient des rayonnements infrarouges stables des parois et des sols.

 

 

Bien vivre avec le radon

En Z3 le dépistage du radon est recommandé pour avoir une idée du niveau de concentration de radon dans les pièces où nous passons le plus de temps. Le moyen le plus simple est le dosimètre dit « passif » ; un film dans une enveloppe sensible aux impacts des rayons α est placé dans le local pendant 1 ou 2 mois puis retourné au laboratoire pour analyse. On peut aussi utiliser un dosimètre digital disponible dans le commerce. Il est bien d’effectuer une première mesure en hiver dans les locaux qui ne sont pas aérés depuis longtemps  en n’oubliant pas que le radon se concentre au niveau du sol. Ne pas s’inquiéter des résultats. Bien aérer ces mêmes locaux avant de refaire une deuxième mesure dont les résultats  sont importants et à retenir. 

 

 

Les niveaux de risque

Pour l’OMS et l’UE, le niveau à ne pas dépasser se situe aux environs de 300 Bq/m3. En Z3, dans une habitation aérée au quotidien, le niveau se situe généralement à proximité ou en-dessous de 100 Bq/m3 ; ce niveau ne doit susciter aucune inquiétude. Au-delà de 300 Bq il faut faire quelques travaux, 

 

 

Les mesures correctives

Entre 300 et 1.000 Bq/m3,  prendre son temps pour mettre en œuvre des actions simples sur le bâtiment pour réduire l’exposition au radon. Une attention particulière doit être portée en priorité dans les locaux en sous-sol où il faut colmater au maximum les multiples voies d’accès possible. Si les colmatages ne suffisent pas il est bon de faire appel à un artisan spécialisé. 

Au-delà de 1.000 Bq/m3 il est clair que l’habitation est située  sur un terrain avec une forte densité d’éléments radioactifs naturels, ou rapportés. Il faudra faire appel à un spécialiste qualifié pour créer un dispositif type vide sanitaire à définir en fonction de la construction existante. Bien que ce ne soit pas obligatoire en France (contrairement à de nombreux autres pays : Grande-Bretagne, Canada, USA, Suède, Norvège…), aujourd’hui toutes les constructions neuves d’une Z3 devraient être réalisées avec un vide sanitaire adapté au terrain et avec une ventilation efficace.

 

 

La législation

L’arrêté du 27 juin 2018 et l’ordonnance 2016-128 du 10 février 2016 (art.40) précisent que tout bailleur ou vendeur d’un bien immobilier situé en Z3 doit informer son locataire ou acquéreur du risque lié au radon. Pour les lieux ouverts au public et les lieux de travail situés en Z3 des mesures de la concentration en radon doivent être effectuées tous les 10 ans et/ou après chaque modification substantielle des bâtiments. avec des obligations de résultat dans un délai relativement court.

            

Post Author: Didier Dolé