L’exposome

Depuis sa fondation en 1992, notre association s’intéresse aux problématiques liées à l’environnement. Les actions prioritaires inscrites dans nos statuts concernent les impacts sanitaires et environnementaux, y compris en milieu professionnel, causés par des dégradations de l’environnement et par des pollutions ou nuisances diverses. Ceci nous conduit donc à regarder de près la qualité de l’eau et de l’air qui sont la base de la vie, mais aussi notre alimentation qui doit nous maintenir en vie. D’autre part, les impacts sur la santé de la flore et de la faune ont toujours indirectement des répercussions graves sur la santé des humains. Aujourd’hui, les pollutions d’origine chimique sont indolores, inodores, sans saveur et souvent incolores ; elles sont pourtant très dangereuses mais elles ne créent aucune indisposition perceptible sur le court terme, alors qu’une exposition répétitive sur le long terme finit par déclencher des pathologies graves trop souvent irrémédiables. Tout consommateur se doit, dans son propre intérêt, de prendre conscience de cette situation et de choisir en connaissance de cause ses produits de consommation courante, ainsi que les aménagements de son habitation et de son cadre de vie. Les adultes qui refusent de faire ce choix de vie aujourd’hui, s’exposent inconsciemment à de multiples problèmes sanitaires futurs, encore plus dramatiques lorsque des enfants sont concernés par leur choix.

L’exposome est un concept correspondant à la totalité des expositions à des facteurs environnementaux (c’est-à-dire non génétiques) que subit un organisme humain depuis sa conception jusqu’à sa fin de vie, en passant par le développement in utero, complétant l’effet du génome1.

La notion d’exposome 

Cette notion récente a été proposée par le Dr Christopher Wild2 épidémiologiste britannique du cancer, dans un article intitulé « Exposome complément du génome » paru en 2005 dans une revue scientifique sur le cancer.

En effet, si le génome est stable, l’exposome est dynamique en fonction de nos propres modes de vie. 

La notion d’exposome peut  exprimer les risques sanitaires dans des milieux de vie spécifiques tels que domestiques, professionnels, urbains, ruraux…L’exposome peut aussi concerner un produit particulier surtout lorsqu’il peut-être bio-accumulé. (par exemple : 
plomb, mercure, pesticides…).

Les enjeux

Les enjeux sont principalement environnementaux et sanitaires.

De nombreux polluants biologiques, physiques (ondes électromagnétiques, rayons) et chimiques pénètrent nos organismes à partir de sources exogènes (air, eau, alimentation, médicaments, radiations…). Selon les scientifiques, les facteurs non génétiques semblent contribuer pour environ 90% aux risques de maladies chroniques. L’exposome inclut les phénomènes cumulatifs et les effets synergiques, ainsi que l’effet des faibles doses, dans le cas des  perturbateurs endocriniens par exemple, pour représenter avec plus de justesse la totalité des expositions reçues par un organisme au cours de sa vie, englobant toutes les sources de substances toxiques3. Le nombre de patients atteints de maladies chroniques augmente chaque année de façon anormale. L’exposome est, pour les scientifiques, un cadre nouveau pour l’étude des causes environnementales de ces maladies chroniques et des maladies encore mal comprises, ainsi que pour des traitements et soins médicaux plus adaptés à ces maladies. 

L’exposome et la loi française

Au niveau national, la notion d’exposome  est introduite pour la première fois dans l’article 1er de la loi n°2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé qui doit s’orienter vers :  « la surveillance et l’observation de l’état de santé de la population et l’identification de ses principaux déterminants, notamment ceux liés à l’éducation et aux conditions de travail. L’identification de ces risques s’appuie sur le concept d’exposome, entendu comme l’intégration des expositions pour la vie entière ».

Exposome et recherche

Les sources d’expositions présentant des risques pour la santé ne sont pas, à l’origine, détectables par l’ensemble des citoyens adultes. Une exposition à un moment donné peut être perçue seulement plusieurs dizaines d’années plus tard. Les pathologies en jeu conduisent trop tardivement à faire appel pour les soins à différents spécialistes. Il y a donc urgence à identifier très en amont les expositions dangereuses. La notion d’exposome implique donc de réorganiser la recherche médicale en créant des équipes   composées de spécialistes de  domaines divers complémentaires.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Locaux-IRSET-Rennes.jpg.En 2009,  un laboratoire spécialisé a été créé à l’Université de Rennes, et labéllisé par l’INSERM4 en 2012. Il s’agit de l’IRSET (Institut de Recherche en Santé Environnement et Travail) regroupant aujourd’hui 280 professionnels. Dans un même lieu travaillent ensemble  des scientifiques de disciplines très différentes : biologie, épidémiologie, toxicologie, chimie analytique, infectiologie, génomique et bio-informatique. Les périodes de la vie les plus critiques et les plus courtes sont la période prénatale, la petite enfance et la puberté. L’étude « Pélagie » mise en place en Bretagne en 2002 suit un groupe  de plus de 3000 mères avec leurs enfants, et apporte des informations importantes pour les chercheurs de l’IRSET.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Laboratoire_Ecole_polytechnique.jpg.Les recherches sur l’exposome mettent en évidence de nombreux poisons silencieux. Nous, les consommateurs, sachons bien choisir nos produits de consommation courante en étant conscients qu’un petit prix cache souvent un coût élevé pour notre santé future !

1 Le génome est l’ensemble du matériel génétique d’un organisme. 

2 Pr d’épidémiologie moléculaire, Dir. du Leeds Institute of Genetics, Dir. du CIRC de 2008 à 2018 (Centre International de Recherche sur le Cancer)

3 Voir notre publication n°82 de mars 2020 page 6 compte-rendu de la conférence du Pr SULTAN  « Alimentation et santé ».

4 Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale

Post Author: Didier Dolé