Pour une écologie profonde

 « Nous n’arrivons pas à croire ce que pourtant nous savons »  Jean-Pierre DUPUY1

Notre culture occidentale du progrès a effacé nos liens à la nature et entraîné une dégradation progressive de  la qualité de l’air et de l’eau, deux éléments essentiels pour la vie de la flore et de la faune dont l’humain n’est qu’une espèce parmi les autres. Ces éléments vitaux, que nous ne savons pas fabriquer, sont à notre disposition gratuitement sur notre très chère Terre, seule planète avec de l’air et de l’eau.  Notre chère planète est très malade, probablement plus que nous le sommes, nous humains, en raison du Coronavirus. 

Nous savons tous que la progression actuelle du dérèglement climatique, causée par nos activités, entraîne des conséquences dramatiques sur nos conditions de vie et sur les productions agricoles. Il est fascinant et effrayant de constater que si nous ne réduisons pas rapidement le volume de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, la température mondiale continuera à grimper avec des effets terribles pour la nature et l’humanité, ce que nous percevons déjà aujourd’hui.

Nous savons tous que nous allons à la catastrophe environnementale, climatique, sanitaire et économique, mais nous ne prenons pas les mesures pour y remédier. Les politiques et les économistes donnent toujours la priorité au gain à court terme et accumulent les pertes sur le long terme. Le rentable immédiat passe toujours avant le durable et nous conservons imperturbablement nos modes de vie actuels. Bien sûr, tous les jours, il est question d’écologie dans les médias.

Mais pour passer à l’action efficacement, il faut d’abord faire la différence entre l’écologie superficielle et l’écologie profonde.

L’écologie superficielle,

c’est celle que l’on dit verte et propre, ayant toujours bonne presse auprès du public et exploitée quotidiennement dans les messages publicitaires pour vendre toujours plus et tout de suite avec une multiplicité de labels trompeurs. Ce n’est toujours que du nouveau. C’est aussi de la croissance, du cash et du gain immédiat. C’est beaucoup de déchets, de gaspillages, de plastiques, de polluants. Ce sont aussi des espaces urbanisés très propres et colorés, des gazons toujours bien arrosés et bien ras, des espaces entretenus aux herbicides autorisés et soit disant écologiques, sans insectes, sans oiseaux…sans vie ! C’est propre, c’est le progrès dans toute sa splendeur.

L’écologie profonde, c’est vivre plus lentement et plus simplement, pour que tout le monde puisse vivre sainement et plus durablement. C’est préserver la pureté des éléments vitaux aujourd’hui et pour demain, afin d’assurer l’avenir des générations futures.

Pour chaque consommateur, c’est être maître et responsable des conséquences de ses achats, consommer des produits locaux, préserver sa santé et celle de ses proches en sélectionnant des produits éco-labellisés certifiés, réduire les gaspillages, ne plus acheter de produits avec emballage plastique à usage unique, donner priorité aux produits en vrac et aux mobilités douces. Souvenons-nous qu’en choisissant notre alimentation nous votons pour le monde dans lequel nous souhaitons vivre.

Les collectivités et les entreprises ont un devoir d’exemplarité vis-à-vis de l’ensemble de la population, pour lui assurer un cadre de vie sain et agréable porté par une économie au service des  humains et de l’ensemble de la biodiversité.

Depuis quelques années, de plus en plus de collectivités et entreprises s’engagent dans un programme de responsabilité sociétale et environnementale, seule voie  possible pour préserver durablement une économie de marché, car un jour la justice sociale et climatique s’imposera d’elle-même au capitalisme et à sa gouvernance du passé.

Depuis 29 ans, Sèvre Environnement œuvre pour que, dans notre pays de droit, la législation protégeant notre environnement dans sa globalité soit respectée en tout lieu et toute circonstance sur notre territoire d’action.

Vu la dégradation croissante de la qualité de l’eau et de l’air sur notre territoire proche, provoquée par nos activités, avec des conséquences dramatiques sur la santé, dès 2002 nous avons démarré un projet d’éducation à l’environnement en milieu scolaire, car c’est la jeunesse d’aujourd’hui qui devra, en connaissance de causes, corriger nos erreurs d’hier, pour pouvoir vivre sainement et durablement. Certains de ces jeunes sont assurément des leaders de demain.

Par ailleurs, nous accompagnons les collectivités et les entreprises qui s’engagent dans une transition écologique profonde.

Si, au siècle dernier, la science médicale a fait des avancées considérables dans la lutte contre les infections bactériennes, aujourd’hui nous constatons l’extrême vulnérabilité des systèmes de santé de nos sociétés face aux infections virales et aux pollutions diffuses de nos éléments vitaux résultant de nos activités économiques et modes de vie actuels. Sèvre Environnement ne peut que renforcer ses actions actuelles, avec les moyens dont elle dispose, dans les domaines où santé et environnement sont interdépendants.

Je conclus avec une déclaration récente de Madame Sylvie GOULARD, Sous-gouverneur de la Banque de France, membre de la commission indépendante OMS-Europe santé et développement durable :

« La santé est la nouvelle frontière du monde d’après.

Ce que l’on commence à faire avec le climat ou la biodiversité reste à accomplir pour la santé

avec une nouvelle gouvernance globale.»

1 Jean-Pierre DUPUY. Philosophe, ingénieur, professeur d’Université, politologue, membre de l’Académie des technologies. Sa dernière publication : La Catastrophe ou la vie : pensées par temps de pandémie, Seuil, 2021

Post Author: Didier Dolé