Alimentation, santé et environnement

Des conférences d’octobre dernier, nous avons retenu, qu’aujourd’hui dans le monde, près d’un milliard d’hommes sont sous alimentés. Et pourtant, avec l‘important développement de l’industrie agroalimentaire depuis les années 60, nous étions convaincus que le problème de la faim était en voie de résolution. Chez nous la quantité ne pose pas problème, alors que pouvons-nous faire ? La qualité est-elle à la hauteur de nos besoins? Quelles leçons pouvons-nous tirer pour l’avenir? Toutes les réponses à ces questions ont un lien étroit avec l’environnement, mais aussi avec notre santé.
La faim dans le monde
L’idée, qui a pris corps au cours des trente glorieuses, de développer une agriculture intensive associée aux industries de l’agroalimentaire implantées dans les pays riches (dits développés) pour assouvir les faims sur l’ensemble de la planète, n’a de toute évidence pas atteint l’objectif attendu. Tous ceux qui se sont penchés sérieusement sur cette situation ont compris que les solutions ne pouvaient être que toutes autres. Fabrice NICOLINO nous disait, en septembre dernier (notre n°48), « Et si nous commencions à réfléchir à ce modèle obsolète que nous continuons pourtant à proposer au monde entier? ». La faim ne sera pas vaincue par l’empoisonnement des sols et des nappes phréatiques. Il faut au contraire, miser sur la connaissance des petits agriculteurs dans chaque pays et améliorer les revenus des paysans à fin de contribuer au développement rural, comme le recommande le rapporteur des Nations Unies Olivier De SCHUTTER.
Albert Einstein, avec sa puissance d’analyse des grands systèmes ne disait-il pas : « On ne peut pas résoudre un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré ».
Ne pas gaspiller la nourriture
Notre position de citoyen d’un pays riche ne nous autorise pas à gaspiller la nourriture. Tout aliment a été produit pour être consommé, pour satisfaire notre faim, et être partagé équitablement avec nos frères humains. Ce principe fait partie des fondements de la morale dans toute société, sur tous les continents, sans aucune exception. Ce principe doit être respecté par tout être humain et inculqué à tous les enfants dès leur plus jeune âge. Chacun a le droit de pouvoir mettre dans son assiette la nourriture suffisante pour satisfaire sa faim, mais aussi le devoir de consommer tout ce qui a été mis dans son assiette. Ce que nous observons dans les poubelles des cantines, et pas seulement en milieu scolaire, mais aussi dans les ordures ménagères, est une honte, un affront inacceptable. Des statistiques que l’on a peine à croire mettent en évidence que les poubelles recueillent 20 à 25% des aliments achetés. De même, les circuits actuels de distribution des aliments, avec tous leurs excès, sont eux aussi sources de gaspillages inacceptables. Globalement, c’est prêt de 50% de la nourriture produite au départ qui est jetée. Notre modèle est bien obsolète.
La qualité des aliments
Il faut manger pour vivre. L’aurions-nous oublié? Notre corps a besoin d’être alimenté quotidiennement pour nous procurer l’énergie dont nous avons besoin pour toutes activités, physiques et intellectuelles. La machine humaine est complexe et délicate; elle ne peut pas fonctionner avec n’importe quel aliment, sous prétexte d’assouvir une faim. Une mauvaise alimentation est source de dysfonctionnements pouvant se traduire par de graves problèmes de santé sur le long terme. A chacun de s’informer sur le contenu des aliments de son choix et d’être vigilant sur les multiples additifs inclus dans les produits qui sont sur le marché. L’affichage de ces ingrédients est obligatoire sur de nombreux aliments, il faut en prendre connaissance. Pour minimiser la présence d’indésirables sources de risques, il faut garder en mémoire quelques principes bien élémentaires. Tout d’abord rapprocher production et consommation; tout aliment devant voyager loin et longtemps a subi des transformations. Donner la priorité aux produits frais; pour cela notre choix doit aller vers les produits de saison et de proximité.
Alimentation responsable
Nous avons la chance de pouvoir intervenir dans les écoles et de mettre en place avec les enfants un coin potager. En apprenant à produire des aliments ils s’ouvrent à la nourriture, et posent de multiples questions. Chaque adulte se doit d’avoir les mêmes réflexes. Comment sont produits les aliments de notre choix? Contiennent-ils du sucre, du sel, des colorants, des conservateurs, des pesticides, des OGM?..Comment sont-ils acheminés? Comment sont-ils distribués? Comment faut-il les cuisiner?
Élargissons le champ de nos questions aux enjeux sociaux, économiques, environnementaux, car nos choix de consommation alimentaire ont non seulement un impact sur notre santé et notre portefeuille mais aussi sur l’environnement (énergie consommée, ressource en eau, production de déchets, pollutions de l’air, pollutions des sols, biodiversité…), sans oublier l’économie et l‘emploi.
Un réflexe quotidien
Chacun de nous, étant concerné quotidiennement par le sujet alimentation, peut rechercher ses propres réponses à toutes ces questions lorsque il s’approvisionne, prépare, partage, consomme sa nourriture. Chacun découvrira que ce qui est bon pour sa santé est bon pour l’environnement et l’avenir des enfants.

Post Author: Didier Dolé