Le cancer : un fléau qui s’étend

La raison d’être de Sèvre Environnement est de défendre la qualité de notre environnement. Le premier domaine qui nous occupe est celui des impacts sanitaires et environnementaux, y compris en milieu professionnel, causés par des dégradations de l’environnement et par des pollutions ou nuisances diverses. Ces impacts sont au premier rang de nos préoccupations, surtout lorsque ils touchent les enfants. En France, on dénombre 1700 nouveaux cas de cancer par an chez les enfants de moins de 15 ans avec 500 décès.
C’est pour cela que, depuis quinze ans, nous nous sommes rapprochés de scientifiques du corps médical réalisant des études sur ce que l’on peut appeler les maladies environnementales créées par l’homme. Les conclusions de ces études sont désormais irréfutables sur le plan scientifique, mais dérangent des intérêts économiques. Des lobbies aux moyens financiers puissants s’emploient par tous les moyens à les écarter.pour que rien ne change dans le circuit des bonnes affaires qu’ils contrôlent. Chaque jour, nous sommes témoins d’une vraie guerre de la communication autour des origines de ces maladies dont certains cancers font partie.

Que font ceux qui nous gouvernent face à une telle situation ?
C’est évidemment la première question qui vient à l’esprit . Devant une situation nouvelle qui dérange, on s’empresse de créer des commissions dont la mission est d’émettre un rapport avec des préconisations visant à sauver la chèvre et le choux. En France, après quelques années de tergiversations pour gagner du temps, on affirme haut et fort que « la maison brûle «  et on finit par décider de la mise en place d’un Plan National avec des objectifs ambitieux, donc satisfaisants. C’est ainsi que nous avons vu naître le Plan National Santé Environnement et le Plan National Cancer. Après plusieurs années, aucun objectif n’ayant été atteint, les commissions se remettent au travail et préparent de nouveaux plans. Nous en sommes à la troisième édition.
Où est l’erreur ?
Si les objectifs sont toujours ambitieux, les moyens d’agir sont très dilués et ne visent que la recherche de solutions pour remédier au mal. Effectivement des progrès sont constatés avec une évolution certaine des thérapies. Pendant ce temps là, les causes n’ayant pas été éradiquées, les conséquences se multiplient et les résultats globaux restent partiels.
Les efforts thérapeutiques ne seront couronnés de succès que lorsque les causes du mal seront bien identifiées, puis progressivement réduites et finalement supprimées.
Les causes du mal sont multiples et progressent à un rythme dont nous ne sommes pas toujours conscients. Avant de partir au combat, le bon sens et la prudence exigent une analyse complète de la situation et de son évolution à fin de préparer l’ensemble des moyens nécessaires pour mener un combat efficace.
L’OMS, Organisation Mondiale de la Santé, vient de publier le 4 février dernier, un rapport intitulé « World Cancer Report 2014 ». Ce rapport, réalisé avec l’aide de 250 experts originaires de 40 pays, passe en revue les principales données disponibles aujourd’hui, au fil de plus de 600 pages. Le cancer va continuer à s’étendre dans le monde, notamment dans les pays en développement, avec près de 22 millions de nouveaux cas annuels attendus à l’horizon 2030, contre 14 millions en 2012. Malgré des progrès majeurs dans les traitements proposés, les décès devraient eux aussi augmenter, passant de 8,2 millions en 2012 à 13 millions en 2030, alors même que plus de la moitié de ces cancers pourraient être évités « si les connaissances actuelles étaient correctement appliquées ». « Les pays à bas et moyens revenus seront incontestablement les plus touchés car beaucoup d’entre deux sont mal équipés pour faire face à cette escalade du nombre de malades atteints de cancers », souligne Margaret Chan, la directrice générale de l’OMS dans son introduction au rapport. En 2012, le cancer du poumon arrivait en tête des cancers les plus fréquemment diagnostiqués (1,8 million de cas, soit 13% de l’ensemble des cancers), devant le cancer du sein (1,7 million, soit 11,9%) et le cancer du côlon (1,4 million, soit 9,7%).
Aux cancers traditionnellement liés à des infections (cancers du foie, de l’estomac et du col de l’utérus), sont venus s’ajouter des cancers du poumon, du sein et du côlon, associés à des facteurs de risques comme le tabagisme, l’alcoolisme, l’obésité, le manque d’exercice ou la consommation de produits alimentaires industrialisés, plus répandus dans les pays riches.
Pour répondre aux défis financiers qui se profilent (en 2010 le coût économique annuel du cancer était évalué à 1.160 milliards de dollars, soit 858 milliards d’euros), le rapport préconise de ne pas se contenter des nouveaux traitements, mais de développer la prévention à grande échelle.
Il recommande également le dépistage précoce, y compris par des méthodes peu sophistiquées qui ont fait leur preuve dans certains pays en développement. Le rapport cite le cas d’un dépistage du cancer du col de l’utérus associé à une cryothérapie (traitement par le froid) des lésions pré-cancéreuses, utilisée avec succès en Inde et au Costa Rica.
A l’instar de ce qui se fait déjà dans certains pays développés, des législations contraignantes devront être instaurées dans les pays en développement pour protéger la population de la pollution.
En janvier, nos députés et sénateurs ont commencé l’examen des impacts des pesticides. Ils ont reçu un appel signé par 1200 médecins mettant en garde contre les risques posés par certaines molécules. Deux épidémiologistes de l’INSERM leur ont rappelé que l’exposition aux pesticides augmente les risques de cancer (prostate, cerveau, sang), de maladies neurodégénératives, et de troubles de la fertilité.

Post Author: Didier Dolé