Plus un milieu est diversifié…plus il est riche et plus il est stable.
Ce constat vaut bien sûr pour l’économie et l’écologie – deux domaines que nous savons étroitement imbriqués – et il suffit de réfléchir un simple instant pour pressentir les drames qui se profilent du fait de tout ce qui découle des phénomènes qui se cachent derrière l’expression « érosion de la biodiversité ».
Pour l’heure, bien moins médiatisée et donc connue que le « dérèglement climatique », la disparition accélérée d’un grand nombre d’espèces végétales et animales met gravement en péril les équilibres naturels sur lesquels repose …la vie !
Certes, depuis que la vie est apparue sur notre petite « planète bleue », du seul fait des processus évolutifs naturels, de nombreuses espèces ont disparu, cédant la place à d’autres, mieux adaptées. Mais, avec l’apparition de l’homme, un facteur nouveau est à prendre en compte : sa capacité à modifier en profondeur son environnement. Cette aptitude qui n’était que marginale et à peine perceptible aux débuts de l’humanité s’est brutalement accélérée avec la 1ère révolution industrielle et elle est aujourd’hui prodigieuse.
Toutes nos technologies, tous nos moyens mécaniques, chimiques, biologiques, nucléaires nous conduisent – et souvent à l’insu de nos volontés – à bouleverser de fond en comble les processus naturels.
Nous sommes bel et bien entrés dans une nouvelle ère, l’Anthropocène, et elle nous place face à des responsabilités comme jamais l’humanité n’a eu à assumer…
Ce qui se passe aujourd’hui, du fait des pouvoirs que nous confère la techno-science, n’a en effet plus rien à voir avec les processus naturels d’évolution, en particulier leur extrême lenteur. Les rythmes d’extinction de nombreuses espèces, affectées par nos activités, sont même des milliers de fois plus rapides que ceux ayant cours naturellement et certains experts considèrent que le 1/3 des espèces actuellement connues pourrait disparaître d’ici la fin du siècle.
Personne n’est à même d’imaginer tout ce que cela implique, ni sur le plan écologique, ni sur le plan économique, social, culturel…
Du fait de la formidable puissance que lui confère son intelligence, l’espèce humaine est une exception dans l’ordre de la nature mais il nous apparaît de plus en plus que ce n’est qu’en se situant sur un autre registre que celui de la raison – à savoir celui du cœur – qu’elle trouvera les moyens de s’autocontrôler, de se dominer…d’éviter ainsi qu’elle ne soit rapidement dépassée par les logiques technicistes et mercantiles qui peu à peu lui échappent, qu’elle ne contrôle plus.
Préserver la biodiversité, contrebattre le dérèglement climatique, implique de se sentir étroitement solidaire du panda, de l’ours, de l’abeille et du ver de terre… de la plus obscure bestiole avec laquelle nous partageons une communauté de destin. C’est aussi se sentir solidaire des plus pauvres et des plus démunis, de tous ceux qui seront les premières victimes des atteintes à la nature.
Nous sommes là au cœur de l’éthique et de la morale et, n’en déplaise aux « réalistes » qui se refusent encore à se situer sur ces terrains, c’est bien en reconnaissant à la Terre un caractère sacré que nous trouverons les moyens d’infléchir notre relation avec l’ensemble du « Vivant ».
JC Pierre