Assemblée Générale Ordinaire du 30 mars 2017

«Assemblée Générale Ordinaire du 30 mars 2017 » par Jean-Claude Brianceau

Rapport Moral

– Un développement intégral garant d’une économie au service de l’homme

Il y a 25 ans, des technocrates friands d’innovations ont introduit sur notre territoire un nouveau procédé de fertilisation des parcelles agricoles à partir d’effluents d’abattoir de volailles : un « concept » gagnant-gagnant pour l’agriculture et l’industrie agroalimentaire. Il s’agissait alors d’un progrès historique irréfutable !

Et pourtant, un groupe de paysans très attachés à la richesse biologique de leurs terres, des sources et des ruisseaux, ainsi qu’à la santé et au bien-être de leurs animaux, ont eu l’audace et le courage de refuser de livrer leurs parcelles à cette poule aux œufs d’or. Ils se sont associés pour tenter d’éviter ce qui, finalement, a été autorisé autour de chez eux, sur 700 ha de terres agricoles. Voilà le contexte dans lequel est née Sèvre Environnement en 1992. Nos fondateurs sont des paysans qui portaient, et portent toujours, des valeurs fortes : le respect de la nature, l’autonomie de leurs exploitations, la préservation de leur patrimoine, la solidarité intergénérationnelle. Ils avaient tout appris de leurs ancêtres, ils nous ont tout transmis. A eux, j’adresse un immense merci et une intarissable reconnaissance pour cet héritage précieux.

Sitôt le concept innovant mis en place, les pollutions de l’eau et de l’air sont apparues, et subies par une multitude de riverains de toutes professions qui nous ont rejoints. Il a fallu 12 années de travail auprès des services de l’Etat pour que le respect de la loi l’emporte sur les innovations illégales. Aujourd’hui les effluents sont épurés avant rejet dans le milieu naturel, les riverains n’ont plus à supporter les odeurs,  les abattoirs se sont développés et font du respect de l’environnement leur image de marque.

 

 

 

 

 

Dès 2002, nous avons démarré des actions pédagogiques auprès de l’ensemble de la population de notre territoire, de la maternelle à la maison de retraite, pour que soit bien compris, et assimilé par tous, le respect de l’environnement, inscrit dans les lois et dans la constitution de notre pays. Ce respect n’est pas un frein au développement économique mais bien un garde-fou pour préserver la santé et la qualité de vie de l’ensemble du vivant, et assurer l’avenir des générations futures. Ces actions que nous conduisons depuis 2002, portent aujourd’hui leurs fruits sur notre territoire, où nous constatons chaque jour de plus en plus de sensibilité écologique de la part de la population.

La problématique écologique dans son ensemble est toujours complexe, et malgré de nombreux efforts, certes pas toujours cohérents, la dégradation de l’environnement va  bon train. Cette dégradation est provoquée par les activités humaines, et les hommes en sont les premières victimes. Après les deux grandes guerres du siècle dernier, la soif de croissance de la consommation avait besoin d’être épanchée. On l’a donc quantifiée avec l’indice PIB (Produit Intérieur Brut). Il a fallu reconstruire notre pays, satisfaire les besoins des consommateurs, avec de la nourriture en priorité. Les besoins vitaux ont bien été satisfaits et, tout naturellement, la croissance s’est progressivement essoufflée. Aujourd’hui, la recherche de la croissance a un tout autre objectif : réduire demain nos déficits publics d’hier. Et aujourd’hui, on s’imagine que toute croissance économique est en soi un “progrès”, avec un degré plus haut de sécurité, d’utilité, de confort, de facilité. Ici même, en 2011, je vous avais dit que si nous parvenions à assurer une croissance permanente de seulement 2% jusqu’à la fin du siècle, en 2100 notre niveau de consommation serait six fois supérieur à celui de 2010. Est-ce possible? En outre, une croissance illimitée suppose le mensonge de la disponibilité infinie des ressources de la planète et de leur régénération rapide. Pour l’année 2016, le 8 août, l’humanité avait consommé l’ensemble des ressources que la planète peut renouveler sur 12 mois ; nous avons donc vécu 5 mois à crédit sur le compte des générations futures. Est-ce raisonnable? En 2000 nous n’avions vécu à crédit que sur 3 mois. Aujourd’hui l’humanité consomme les ressources équivalentes à 1,6 planète. Qu’en sera-t-il demain? La Terre n’est pas une carrière à ciel ouvert dans laquelle nous pouvons puiser sans limites et en détruisant le vivant.

Voyons où nous en sommes en France. Dans l’alimentation : 20 à 25% des aliments mis sur le marché finissent à la poubelle, et globalement, de la fourche à la fourchette, plus de 40% de la nourriture produite est perdue. Mais ce qui est perdu pour l’homme engrosse le PIB et permet d’afficher de la croissance. Les autres sources de croissance sont la vente de médicaments, les soins hospitaliers, le remplacement des automobiles accidentées et brûlées, la vente de pesticides et de perturbateurs endocriniens, l’obsolescence programmée des biens de consommation,  les additifs alimentaires, les boissons sucrées, les cosmétiques, les vêtements et les biens de consommation importés, les plastiques, les produits d’entretien, les nanoparticules, le traitement des déchets, les algues vertes, la dépollution des eaux…

Avec cette croissance, quels sont les bénéfices pour le citoyen ?

En premier lieu des millions de chômeurs, et ce n’est tout de même pas négligeable.

En second lieu des millions de malades, dont beaucoup d’enfants, tous innocents, ce qui est scandaleux. Deux rapports de l’OMS, rendus publics le 6 mars dernier, accusent notre environnement dégradé de tuer chaque année 1,7 millions d’enfants de moins de 5 ans. Vous allez me dire que j’oublie la croissance de l’espérance de vie… non point. Cette croissance a été le résultat des améliorations sanitaires, des campagnes de vaccination et des traitements des maladies infectieuses au cours du  siècle dernier. Mais déjà, l’espérance de vie recule car elle n’enregistre que les bénéfices du passé, et non les dégâts à venir. Après 40 ans d’interdiction, le DDT est toujours présent chez la plupart des humains. L’OMS constate l’augmentation importante de pathologies non-contagieuses, comme le cancer, le diabète et les maladies neurodégénératives, dues aux pollutions. Il n’est plus question d’évaluer seulement les effets ponctuels d’une substance sur les populations exposées, il faut évaluer les effets d’expositions chroniques cumulées à des agents chimiques, y compris à très faible dose, sur la population générale, ce que la médecine dénomme aujourd’hui « l’exposome ». Les données sanitaires sont suffisamment connues et inquiétantes, pour qu’il y ait une réelle prise de conscience politique et citoyenne, car les failles du progrès technologique ne riment plus avec un meilleur bien-être. Il est urgent d’arrêter l’acharnement thérapeutique sur un modèle de développement périmé. Croissance et bénéfice à court terme détruisent l’économie.

A partir de ces constats nous orientons nos actions pour améliorer le bien-être des hommes découlant du respect de la nature.

Préserver l’environnement c’est d’abord une question de santé publique.

Il n’y a pas de bonne santé sans une nourriture de qualité et une nature propre.

Le XXIème siècle doit réintroduire de l’être au détriment de l’avoir.

Il n’y a pas d’économie saine sans un développement intégral

 

Le développement intégral c’est d’abord respecter l’autre,

et surtout, l’avenir et la santé de nos enfants.

 

Rapport d’Activités 2016

Rapport financier 2016

 

 

Post Author: Didier Dolé