Ne soyons pas des ânes !

par Jean-Claude BRIANCEAU

Jacques BOSSUET (1627-1704) écrivain et prélat français célèbre pour ses prédications disait : « Dieu se rit des Hommes qui se plaignent des conséquences des causes qu’ils défendent ». Aujourd’hui, en regardant notre société de la modernité et du progrès, je constate que tous les consommateurs se plaignent des multiples et graves inconvénients des produits qu’ils consomment, tout en continuant à consommer de la même manière, apportant ainsi un soutien financier à la cause de leurs malheurs. Par ailleurs, les médias nous inondent d’analyses plus ou moins fallacieuses pour nous apprendre ce que, à Sèvre Environnement, nous avons constaté depuis longtemps. Nous aimerions plutôt qu’ils nous aident en proposant et en défendant des solutions constructives, mais ils ne font que noircir le tableau et semer le trouble dans les esprits. Vous les lisez (voyez notre page 8), vous les entendez à la radio, vous les voyez à la télé. « Glyphosate : cancérigène… la France en pleine cacophonie…expertise européenne biaisée…il n’y a pas de produit de substitution… Insecticides dans 75¨% des miels…les néonicotinoïdes tuent les abeilles…production de miel en France divisée par 4 en 15 ans…un nouveau néonicotinoïde autorisé en France. Bio ?.. Les limites du tout bio… » En résumé : aucun espoir et aucune possibilité de voir apparaître des solutions pour nous protéger de ce qui nous empoisonne au quotidien. Où est le progrès ?

 

En 1992, les fondateurs de Sèvre Environnement, paysans éleveurs de bovins, soucieux du bien-être et de la santé de leurs animaux s’inquiétaient des nuisances apparentes de rejets divers dans l’air et dans l’eau des ruisseaux. Depuis nous avons travaillé sans relâche pour analyser ces nuisances, comprendre leurs impacts, rechercher leurs origines ainsi que les solutions possibles et légales pour y remédier.

 

Nuisances ou pollutions ?

En 2000, nous avons investi dans des analyses physico-chimiques et bactériologiques d’eau destinée à l’abreuvement des animaux. Le laboratoire nous a convoqués pour connaître l’origine de cette eau se révélant être très dangereuse pour la santé des animaux mais aussi pour les humains. Ce que nous considérions comme des nuisances étaient des pollutions et des poisons. Au bien-être animal il fallait donc associer le bien-être et la santé humaine.

Pollution et santé humaine

Ceux qui nous lisent depuis l’origine de notre « Bulletin trimestriel », et ont assisté à nos conférences, ont pu suivre nos démarches auprès de nombreux scientifiques de renommée internationale dans le domaine médical. Sans se soucier un seul instant de notre santé, les affairistes nous font consommer des produits dangereux à tout âge, mais plus particulièrement pour les femmes enceintes et les enfants.
Perturbateurs endocriniens : Bisphénols, Phtalates, Formal-déhydes, Polychlorobiphényles (connus comme PCB ou PBC ou Pyralènes)…

Cancérigènes et neurotoxiques :

une liste infinie de poisons qui tuent comme leur nom l’indique (herbicides, insecticides, fongicides), auxquels il faut ajouter la grande famille des Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques que l’on retrouve dans l’eau et l’alimentation, les Retardateurs de Flamme Bromés présents dans tous les produits ignifugés dont le mobilier et la literie…

Bref, « Nous baignons dans une soupe chimique » déplorent les scientifiques consciencieux.

La querelle des pesticides

C’est d’abord la querelle du glyphosate commencée avec le produit phare de Monsanto : le Round-up, le plus vendu au monde avec aujourd’hui de multiples génériques. C’est un poison qui passe par la terre, l’eau, et atteint l’ensemble des êtres vivants. L’OMS met en garde et rien n’arrête la fabrication et la vente de ce poison. C’est un crime contre l’humanité.

La situation avec les insecticides de la famille des néonicotinoïdes (dont 5 molécules sont aujourd’hui d’emploi courant) tueurs d’abeilles à l’origine de maladies neurodégénératives. Une étude franco-suisse publiée en octobre dans la revue Science montre que 75% des miels analysés contiennent de ces substances. Le sulfoxaflor une sixième molécule tueuse d’abeilles, bloquée aux Etats-Unis, vient d’être autorisée en France en octobre. Les apiculteurs s’indignent. Le gouvernement recule face au lobbying. Pourquoi?

La querelle du tout bio

« Avec mes petits-enfants, je suis heureuse d’avoir un potager que je travaille avec mes mains, où les mésanges, les coccinelles, les vers de terre, les écureuils sont rois, et pour moi c’est non aux pesticides ! » m’écrivait une grand-mère, le mois dernier. Les rares agriculteurs qui ont voulu faire comme la grand-mère ont été la risée des puissants pendant de nombreuses années. Ils sont maintenant 35.300 en France et cultivent 2 millions d’hectares. La valeur des achats de produits alimentaires issus de l’agriculture biologique a été de plus de 7 milliards d’euros en 2016, avec un taux de croissance annuelle de 20%. Il devient donc possible de manger mieux. La moitié des Français disent avoir modifié leur régime alimentaire et 37% ont réduit leur consommation en vue d’une alimentation plus frugale. Les producteurs bio sont satisfaits. Les champions de la chimie crient au secours (le gouvernement vient de leur donner les subventions qu’il retire au « bio ») et ils affirment que le tout-bio est impossible. Avant l’apparition des soupes chimiques toute l’agriculture française était bio. Curieux n’est-ce pas? Jules César ne disait-il pas que les gaulois sont querelleurs et incapables de s’unir?

Le respect de la vie

De toute évidence les subventions n’apportent pas le bonheur aux agriculteurs chimistes. La santé des consommateurs, en commençant par les enfants nés et à naître, est plus importante que leurs échecs. Le respect de la vie doit s’imposer. Nous devons dire non à ceux qui nous empoisonnent et stopper les querelles destructrices.

 

A 23 ans j’ai eu la chance et le bonheur de connaître Albert SCHWEITZER grand défenseur du respect de la vie. Lors de ses 90 ans, lui demandant ce que nous les jeunes pouvions faire pour cette noble cause, il me répondit :

« Ne soyez pas des ânes ! ».

Albert SCHWEITZER
1875-1965
Prix Nobel de la Paix 1952
Lambaréné (Gabon)
Janvier 1965

Post Author: Didier Dolé