Assemblée Générale Ordinaire du 27 avril 2023 – Rapport moral

L’évolution du nécessaire partage de l’eau

Ces dernières années, « santé publique » et « environnement » sont des sujets qui inquiètent de plus en plus, et font l’objet d’informa-tions ou de propositions généralement contradictoires. Rares sont les situations où une solution n’a que des avantages, et toutes les alternatives que des inconvénients; rien de surprenant, car notre monde réel est complexe. Aujourd’hui, ce qui fonde nos modes de vie ce sont des applications technologiques éphémères avec de multiples impacts de long terme sur la planète Terre, notre maison com-mune. Ces applications nous amènent trop souvent à confondre progrès et innovation, et sont aujourd’hui au centre de nombreuses controverses qui concernent notre présent, notre futur proche et le long terme.
De nombreux travaux scientifi ques mettent en évidence l’impact néfaste de certaines activités humaines sur l’eau et l’air, éléments vitaux pour l’ensemble de la biodiversité dont nous, les humains, faisons partie.

Impacts sur l’atmosphère
Depuis 2018, nos publications ont détaillé ce que les scientifiques appellent l’effet de serre. En bref, les quantités gigantesques de certains gaz, dont le CO2 (dioxyde de carbone), que nous rejetons dans l’air en consumant des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) s’accumulent autour de la Terre, formant un voile opaque au rayonnement infrarouge émis par la Terre et ainsi entraînent le réchauffement des basses couches de l’atmosphère; ceci conduit à accroître la température globale de la surface de la Terre.
Conséquences sur le climat
Le réchauffement de l’atmosphère provoque la fonte des glaces continentales (pôles, glaciers et neiges en-dessous de 3.500m), modifie les courants océaniques et le régime des pluies, avec des phénomènes météorologiques extrêmes, plus rares ou plus intenses selon les régions. Ce dérèglement climatique est le problème le plus pressant auquel nous sommes tous confrontés aujourd’hui, et le seront aussi les générations à venir.
Quels impacts sur l’eau ?
Le cycle de l’eau est bouleversé par le dérèglement climatique. Depuis quelques années, nous avions un peu pris conscience d’un certain changement du climat. Les étés derniers, nous avons vu la réalité (incendies, communes sans eau au robinet) et compris que cela n’arrivait pas qu’ailleurs. Le problème est planétaire et l’ONU a tenu, à New York en mars, la deuxième conférence mondiale de l’eau; la première avait eu lieu en Argentine en 1975. Le point essentiel étant le partage de l’eau douce qui se raréfie avec ce bouleversement climatique, un programme d’action sur une décennie est mis en place. L’ONU constate que 2 milliards d’humains ne disposent pas d’eau potable à proximité et que le risque d’une crise mondiale de l’eau est imminent.
De son côté, l’OMS rappelle qu’une personne est en stress hydrique si elle ne dispose pas de 1.700 m3 d’eau douce par an. Un Français dispose aujourd’hui de 2.500 m3, mais pour combien de temps ?
Ressources en eau douce
La masse d’eau des océans est toujours la même à l’échelle de la Terre. Ce qui est en train de changer, c’est la répartition des eaux de pluie dans le temps et l’espace. C’est le résultat du dérèglement du système climatique provoqué par nos activités humaines. À ce chamboulement de la quantité d’eau douce disponible sur le milieu de vie de chacun de nous, s’ajoute la dégradation de la qualité de cette eau, elle aussi résultat de nos activités.

Consommation d’eau douce en France : 33,7 Gm3/an
(milliards de mètres cubes)

3 pour l’industrie, 5,5 pour l’agriculture, 5,7 pour usages domestiques et 19,5 pour le refroidissement des centrales nucléaires.
Comment envisager l’avenir ?
Il n’y a pas d’avenir sans eau ou trop peu d’eau. Nous ne manquerons d’eau que si certains se l’approprient sans prendre en considération les autres. La réalité de la situation ne permet plus d’assurer une demande croissante pour les productions industrielles, énergétiques, agr icoles et les besoins domestiques. Il faut donc se limiter à la disponibilité de la ressource locale et réagir dès maintenant en prenant des décisions à tous les niveaux. L’homme ne doit pas se prendre pour le maître du monde car la nature c’est tout ce qui ne provient pas de lui.
« Les tensions vont être de plus en plus exacerbées entre les territoires à l’amont et ceux à l’aval de la ressource. C’est pour cela qu’il est essentiel d’avoir une approche plus globale et socio-systémique pour partager cette ressource précieuse ».

Sèvre Environnement est née en 1992, fondée par des agriculteurs inquiets pour la santé de leurs animaux avec des eaux polluées dans les ruisseaux. Notre association s’est donc engagée pour préserver la qualité de l’air et de la ressource en eau sur notre territoire. Le combat contre les pollueurs a toujours été rude, mais nous avons obtenu des résultats significatifs. Et surtout, nous avons compris que la qualité de l’air et de l’eau était essentielle aussi pour la santé des humains.
Dès 2002, nous avons initié, en milieux scolaires, un programme éducatif sur l’eau qui prenait déjà en compte la ressource et le partage équitable de l’eau douce. Vu les résultats obtenus et l’évolution de la problématique eau, plus que jamais, nous devons continuer et étendre ce programme. Depuis, nos interventions auprès des collectivités, des agriculteurs et des industriels progressent régulièrement. Dans le contexte climatique, nos actions portent sur les économies d’eau, la diminution des rejets dans l’atmosphère de tous les gaz à effet de serre, la prise en compte de la biodiversité et l’adaptation au dérèglement climatique.

Post Author: Didier Dolé