nanoparticules et nanotechnologies

Voilà un titre certainement mystérieux pour la plupart de nos lecteurs, et, pour ceux qui en ont déjà entendu parler, un sujet n’ayant rien à voir avec l’environnement. Les nanotechnologies viennent de prendre un essor considérable au cours des toutes dernières années. Il est certain que les nanotechnologies soulèvent de grands espoirs économiques et techniques, mais aussi des questions nouvelles sur les risques émergeant pour la sécurité, la santé et l’environnement, dans un contexte de connaissances scientifiques encore très lacunaires. Et c’est bien là le maillon faible de cette évolution précipitée. En effet, 500.000 T de substances à l’état nanoparticulaire ont déjà été mises sur le marché français en 2012, dont 280.000 T produites en France, les autres ayant été importées (le noir de carbone et le dioxyde de titane viennent en premières positions). En dehors de ce business émergeant, nous verrons que nous côtoyons des nanoparticules depuis très longtemps
En premier lieu nous essaierons de définir au mieux ce qu’est une nanoparticule, car pour l’instant il n’existe pas de définition officielle.

Définition de la nanoparticule (ou particule ultra-fine). Rappelons d’abord que le nanomètre (nm) est une unité de longueur représentant 1 milliardième de mètre, soit 1 millionième de millimètre (mm) ou encore 1 millième de micron (μm). Une définition européenne harmonisée a été produite en octobre 2011: « une nanoparticule est un matériau naturel, formé accidentellement ou manufacturé, contenant des particules libres sous forme d’agrégat ou d’agglomérat dont une ou plusieurs dimensions externes se situent entre 1 nm et 100 nm ».
Caractéristiques
Du point de vue dimensionnel, les nanoparticules se situent entre la matière dite macroscopique et l’échelle atomique ou moléculaire. Leur taille est donc bien inférieure à celle d’une cellule humaine. Les propriétés de la matière changent fortement quand la taille des objets se rapproche du nanomètre.Ceci est dû en partie au fait que la surface d’un matériau joue un rôle de plus en plus grand dans ses propriétés physiques lorsque sa taille décroît, alors que le nombre d’atomes appartenant à la surface est négligeable dans le cas d’un matériau macroscopique. Les propriétés physiques et chimiques des nanoparticules diffèrent de celles d’un même matériau en vrac. Prenons par exemple une poudre de dioxyde de titane constituée de particules d’1 mm ; dans 1 g nous avons .54 particules. Dans 1 g de particules de 1 micron (μm) nous avons 10 milliards de particules. Dans 1 g de particules de 10 nm nous avons 10 millions de milliards de nanoparticules, et si nous les étalons sur une seule couche nous couvrons une superficie de 100 m²..Avec ces chiffres on peut imaginer de multiples applications innovantes dans tous les domaines.
Les nanoparticules manufacturées se présentent sous la forme de poudres, de tubes ou de fils suivant l’application envisagée. Elles ouvrent des perspectives nouvelles pour un large éventail de secteurs industriels. En 2005, 54 produits de consommation courante contenaient déjà des nanoparticules. En 2009, on en comptait plus de 1000. On peut citer : les produits de beauté (crèmes solaires et cosmétiques), le bâtiment (enduits, peintures, vernis), les catalyseurs de carburant, les pneumatiques, les pellicules et films, l’électronique, l’informatique etc…
Les résidus nanoparticulaires
Nous avons connaissance, depuis des décennies, de l’existence et des conséquences de nanoparticules générées dans le milieu naturel (déserts et volcans) ou résultant de l’activité humaine : combustion (du gaz, du pétrole, du bois, du tabac), moteurs diesels, usure des pneus, des freins et des bitumes, certaines productions industrielles…Ces nanoparticules se retrouvent aujourd’hui dans l’air et dans l’eau.
Santé et environnement
Depuis des décennies, l’être humain et d’autres espèces vivantes sont de plus en plus exposés aux nanoparticules provenant des activités humaines. Des études ont mis en évidence qu’une importante part des nanoparticules inhalées atteignaient directement les alvéoles pulmonaires, d’où elles peuvent passer dans les cellules ou dans le sang. La pilosité nasale, le mucus et le transport mucociliaire n’éliminent que les grosses particules. La plupart des pays n’ont pas pris le temps d’éditer des normes en matière d’exposition aux nanoparticules, alors que la pollution automobile en est aujourd’hui une source importante, et que leur production industrielle est déjà lancée. Nous avons été envahis par les nanoparticules résultant des activités humaines avant de savoir comment protéger le vivant. L’explosion des nanotechnologies représente un réel danger pour la santé et l’environnement. En particulier, les personnes les plus exposées sont les travailleurs des usines de production et de transformation, comme ce fut le cas pour l‘amiante. Il faut qu‘ils soient totalement protégés.
Conclusion
Ce bref exposé n’est certes pas suffisant pour avoir une pleine connaissance des avantages et inconvénients des nanotechnologies. Il n’a pour seul but d’attirer l’attention de tout citoyen consommateur. Il n’est pas question pour Sèvre Environnement de poser le débat à la façon «pour ou contre les nanos». Nous sommes pour une position de précaution, mais pas d’empêchement. L’infiniment petit est en passe de révolutionner les technologies. Les bouleversements qui en découlent sont déjà considérables et vont impacter la vie des salariés et des citoyens alors que nous sommes dans une situation de méconnaissance quant aux conséquences pour l’Homme et la biodiversité. Les budgets affectés au développement des nanotechnologies sont considérables. Il est essentiel, et urgent, qu’une partie significative de ces budgets finance des recherches officielles sur la connaissance des risques potentiels pour la santé et l’environnement..

Post Author: Didier Dolé